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Les Amitiés Particulières
de Jean Delannoy, un film sorti en 1964, est une œuvre poignante qui dépeint l’amour naissant entre deux jeunes garçons dans le cadre strict et répressif d’un internat catholique. À travers une histoire pleine de
tendresse et de
douleur, le film traite de l’homosexualité dans une époque où celle-ci était considérée comme une transgression de l’ordre moral et social,
dénonçant subtilement l'homophobie institutionnalisée et l’influence oppressive de l’Église. C'est un film où l'émotion et la répression se rencontrent, et où l’amour interdit devient une forme de résistance silencieuse face
à la violence de l’homophobie.

Une déclaration d’amour sous silence : l’émotion à fleur de peau
Dès le début du film, le spectateur ressent une émotion palpable à travers les regards furtifs, les gestes timides et les sourires discrets qui se partagent entre Georges et Alexandre. L'amour entre les deux garçons n'est jamais exprimé de manière verbale évidente, mais plutôt par une tension implicite, par l’intensité de chaque geste. C’est un amour qui ne peut être avoué, qui se cache dans les interstices de la vie quotidienne, dans les moments volés. Ce film fait écho à ces amours qui, pendant trop longtemps, ont été condamnés à l'invisibilité, où chaque déclaration de sentiments devient un acte de courage et de rébellion face à la société.
L’amour de Georges pour Alexandre se révèle comme une
douce souffrance, une émotion pure qui transcende la peur du jugement. Dans chaque scène, le poids de l’interdit se fait ressentir de manière subtile mais
dévastatrice. Il suffit parfois d’un simple contact de la main ou d’un regard échangé pour que l’on perçoive la profondeur du lien qui unit ces deux jeunes hommes. Chaque instant partagé devient une déclaration silencieuse, une reconnaissance de ce sentiment intense mais réprimé.
L’homophobie institutionnalisée : l’Église et l’internat comme symboles de répression
L’internat, tel qu’il est représenté dans le film, n’est pas seulement un lieu d’éducation, mais un véritable microcosme d’oppression. La figure du prêtre supérieur incarne cette autorité morale et religieuse qui impose une vision stricte de la sexualité, excluant toute possibilité d’amour homosexuel. L’internat, en tant qu’institution religieuse, devient l’image de la société dans son ensemble, où l'homosexualité est un péché à expier, un comportement immoral à condamner.
L’un des moments les plus poignants du film survient lorsque Georges et Alexandre sont contraints à la séparation, une décision violente dictée par cette
autorité qui réprime tout ce qui dévie de la norme
hétérosexuelle. L’internat représente l’institution religieuse qui écrase l’épanouissement personnel au nom de valeurs morales rigides. Ce n’est pas seulement une séparation physique, mais une
rupture de la possibilité d’une vie libre et d’une expression authentique de l’amour. C’est ici que l’homophobie se manifeste dans toute
sa brutalité, avec la violence de l’interdiction morale et sociale.
La souffrance de l’amour réprimé : une tragédie émouvante
Le film présente l’homosexualité sous un jour tragique, accentué par la répression systématique de l’amour entre les deux garçons. Cette souffrance est d’autant plus palpable qu’elle est vécue dans la
solitude, dans un monde où la
tendresse et les
sentiments sont invisibles, condamnés à être niés. Le regard désespéré de Georges, après sa séparation forcée d’avec Alexandre, est un instant crucial du film. Ce regard, marqué par la douleur et la perte, est un
cri silencieux contre une société qui nie l’existence même de l’amour qu’il a partagé.

L'émotion est d'autant plus forte que l'amour entre Georges et Alexandre est
innocent,
pur
dans sa
simplicité. Ils ne se voient pas comme des
"rebelles"
mais comme deux âmes qui se reconnaissent, dans un monde où cet amour est considéré comme une aberration. C'est une tragédie douce-amère, où l'innocence se heurte à l’incompréhension et à la répression des autres, en particulier des figures d’autorité.
Une critique subtile de l’homophobie sociale et religieuse
Les Amitiés Particulières ne se contente pas de raconter une histoire d’amour interdite ; il interroge profondément sur la manière dont la société et les institutions religieuses répriment l’amour homosexuel. Le film dévoile la violence subtile de la culpabilisation sociale, où l’homophobie ne se manifeste pas seulement par la violence physique, mais aussi par la culpabilité intérieure imposée aux individus. Les garçons, bien qu’ils ne puissent pas vivre pleinement leur amour, sont marqués par cette culpabilité, ce sentiment de "faute" qui est cultivé dans les couloirs de l’internat et des églises.
La dénonciation de l’homophobie dans ce film est insidieuse, elle n'est jamais directement exprimée, mais elle est présente dans chaque scène, chaque regard furtif. Le film ne crie pas son message, il le laisse se distiller, se diffuser dans les
gestes
et les
silences, dans les
non-dits.
Conclusion : un amour interdit, un combat silencieux contre l'homophobie
En définitif, Les Amitiés Particulières est un film d’une grande puissance émotionnelle, qui témoigne d’une époque où l’homosexualité était vue comme un tabou, une déviance. À travers le regard des deux jeunes garçons, le film nous fait ressentir la douleur de l’amour réprimé, mais aussi la beauté de cet amour qui persiste, malgré tout. La souffrance des personnages devient un cri silencieux contre une société et une institution religieuse qui ne tolèrent pas la diversité des sentiments humains.
Aujourd’hui, alors que le monde
a évolué dans la reconnaissance des
droits des personnes LGBTQ+, ce film reste un témoignage précieux de
l’histoire de
l’homophobie et de
l’amour interdit. Il nous rappelle que l’amour, quelle que soit sa forme, mérite d’être vécu librement et
sans honte, et qu’il est toujours possible de dénoncer les oppressions, même sous le masque de la répression et de la souffrance.
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